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  • Ce que nous sommes.

    Lorsque tu me croises dans la rue
    C'est sur, je ne passe pas inaperçue.
    Aux premiers abords,
    Je suis différente et alors ?

    Que tu sois gros, petit, trisomique,
    Aveugle, amputé ou tétraplégique,
    Ton image fait peur ou fait pitié
    Et tu déranges l'ordre de la société.

    Lorsqu'on parle d'inclusion,
    Je me dis que le normal n'a pas toujours raison,
    Que chacun dans ce monde est différent
    Mais que le monde n'est pas toujours tolérant.

    Je n'ai pas choisi cette vie
    Mais c'est la vie qui me sourit
    Même lorsqu'elle rime avec galère
    Je garde toujours les pieds sur terre.

    J'ai appris à vivre avec mes déficiences
    Et, à force de volonté et de persévérance,
    A affronter les difficultés
    Sans jamais perdre ma dignité.

    J'essaye de m’débrouiller seule dans la vie
    Même si elle ne rime pas toujours avec autonomie,
    Mais, quand on me propose de l'aide, je l'accepte
    Car, la solidarité, à ce moment-là, ça s’ respecte.

    La vie est ma résilience
    Car je n'ai jamais perdu confiance
    Même si on n'échappe pas toujours aux clichés
    Quand on parle d'une personne handicapée.

    Il faut du temps pour changer les mentalités
    Un regard, une parole peuvent tout bouleverser.
    Rappelle toi que personne n'est parfait
    Cà, je suis sûre que tu le savais.

    En tout cas, on a tous un point commun
    Ce sera valable aujourd'hui comme pour demain
    C'est que nous sommes tous différents
    Sur deux pieds ou en fauteuil roulant.

    Demain, lorsque tu me croiseras dans la rue
    On aura l'impression de s'être déjà vu
    Et maintenant qu'on s’ connaît un peu mieux
    On fera, si tu l’ veux, un bout de chemin à deux
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  • Vivre dans une société inclusive ?

     

    ARTHUR SCHOPENHAUER a dit :

    “Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable.

    Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières.”

    Avec la loi de 2005, on pensait que le regard sur le handicap aurait changé, que chaque personne handicapée serait reconnue comme une personne à part entière, un citoyen comme les autres.

    Si les textes ont permis cette prise de conscience du retard de la société pour la prise en compte, et non pas la prise en charge, de cette catégorie de population, en réalité, sur le terrain, les changements de mentalité et de paradigme s’avéraient être longs à mettre en place.

    On parle actuellement beaucoup d’inclusion. Son objectif est d’affirmer que, comme le défend à juste titre Charles Gardou, « l’exclusivité de la norme c’est personne ; la diversité c’est tout le monde » et que chacun a sa place dans la société.

    Cette considération n’aura d’effet sur les mentalités qu’avec le temps, la patience, et beaucoup de dialogue. J’ai pu expérimenter cette approche à travers des rencontres avec des classes d’enfants, des lycéens, des entreprises ou des commerçants.

    Sensibiliser les personnes valides, se mobiliser pour trouver un terrain d’entente permettrait de lutter contre les préjugés, l’injustice ou la discrimination et de changer le regard de la société.

    Est-on pour autant dans une société adaptée aux acteurs des mondes du handicap où chacun trouve sa place?

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  • Militer en politique.

    Cette dernière étape, la plus récente, concerne mon implication dans la politique locale lors des élections municipales 2020.

    Forte de mon expérience de terrain et de ma « notoriété » locale, j’ai été appelée en septembre 2019 à rejoindre un groupe d’opposition appelé « Osons Salon » avec lequel j’ai défendu, pendant cette campagne, les intérêts des personnes handicapées, la politique d’accessibilité de la ville en proposant des solutions innovantes. En effet, comme le montre Stéphanie Veermersch[1] dans son article, tout engagement militant suppose une éthique basée sur le pouvoir d’agir sur l’action publique.

    Cette reconnaissance soudaine de mes capacités à changer le monde me propulsa aux devants de la scène, m’exposant à mes contradicteurs et aux joutes électorales.

     

     

     

     

    [1] Stéphanie VERMEERSCH, op.cit., p 9.

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  • Agir au service des autres.

    Mon expérience de bénévole au sein de l’association La Vaillante m’ouvrit d’autres portes. J’étais toujours disposée à donner de mon temps, à apporter mes compétences.

    Pour toutes ces raisons, j’ai fini par adhérer, dix ans après ma sortie du centre, en tant que bénévole à différentes associations que ce soit dans le domaine sportif ou dans celles liées au handicap pour lutter contre la discrimination, pour favoriser l’inclusion des personnes handicapées dans la société et pour promouvoir leur participation sociale.

    Mon engagement avec l'Office Municipal des Sports, avec Parcours Handicap 13, mon investissement au sein de la commission communale d'accessibilité de Salon de Provence ont contribué à élargir mon réseau et à confirmer mon statut de citoyen à part entière.

     

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  • Reprendre mes études.

    Titulaire depuis 1986 d’un diplôme de Conseillère en Economie Sociale et Familiale (ESF) (bac + 3), j’avais acquis l’expérience d’un travailleur social pendant trois ans, de 1986 à 1989, dans différentes structures d’accueil comme des foyers de personnes handicapées, un foyer de femmes seules ou une association caritative puis, de 1989 à 1997, j’ai enseigné l’ESF à mi-temps en lycées professionnels et techniques.

    L’accident, survenu en 1997, avait brisé ma carrière professionnelle. A défaut de reprendre le travail, je m’étais tournée vers le bénévolat à La Vaillante et dans les autres associations citées précédemment.

    En perpétuelle recherche d’innovation et avide d’apprendre (j’ai toujours aimé l’école), j’avais envie d’approfondir ma réflexion sur le handicap, mes compétences en travail social pour y trouver un développement personnel. 

    En 2013, l’idée de reprendre mes études orienta mes recherches sur internet vers une formation à caractère social niveau master 1. Comme le destin est parfois lié au hasard des rencontres, j’ai trouvé un Diplôme de Hautes Etudes Pratiques Sociales (DHEPS) mention Responsable d’Etude et de Projet Social (REPS) dispensé par le Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée (CCPAM) à Aix, à 30 minutes de mon domicile, en concomitance avec l’université de Strasbourg et en formation continue sur deux ans.

    L’objectif du diplôme était d’acquérir des compétences nécessaires à l’exercice des fonctions de conception et de gestion de projets à développement social. Je pouvais ainsi prétendre être une future responsable de projets ou une chargée de mission et être capable d’analyser les enjeux sociaux, de diagnostiquer, développer, manager et évaluer les ingénieries des projets de développement.

    Son programme comportait des modules d’outils conceptuels d’analyse, mêlant des cours de sociologie, d’économie politique, d’anthropologie, des modules de projet comme de la politique sociale, des outils de communication et un module de recherche pour produire un mémoire.

    J’ai demandé à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) la Reconnaissance de Travailleur Handicapé (RTH) puis j’ai contacté Cap Emploi, l’équivalent de Pôle Emploi pour les personnes handicapées, pour obtenir le financement de ces études supérieures.

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  • Revendiquer mes droits.

    Cela ne m’empêchait pas pour autant d’être dans l’affirmation de mes droits, de contester une réalité parfois hostile ou de faire exploser une colère légitime.

    Une place de stationnement réservée aux personnes titulaires d’un macaron GIG GIC[1] occupée par une personne valide, un trottoir encombré par une voiture dont le conducteur affirmait qu’il n’avait que pour une minute serait les deux exemples les plus fréquemment rencontrés.

    Accepter telle situation paraîtrait impossible mais, devant la répétition des faits, j’étais, non pas tolérante face à ces incivilités, mais plutôt favorable à l’explication, la sensibilisation et l’éducation. Modifier les comportements des autres s’avérait être un combat de tous les jours. Je ne pouvais changer le monde dans lequel je vivais sans prendre du recul et garder une pointe d’ironie. L’impact de mon regard sur celui qui, par inadvertance ou négligence, était en infraction, suffisait à pointer du doigt la bêtise humaine et remettre en cause son manque de civisme. Le refera t-il à une prochaine occasion ?

     

     

    [1]GIG GIC : Grand Invalide de Guerre, Grand Invalide Civil.

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  • Un esprit de liberté.

    Je n’avais pas pour objectif de me lancer dans des exploits sportifs hors du commun ou de grandes expéditions. Mais, à plusieurs reprises, j’ai pu pratiquer quelques activités originales qui m’ont permis de me dépasser, de montrer que le handicap aussi important soit-il n’empêche pas la mobilité, les sensations fortes et le plaisir de surmonter sa peur.

    Un tétraplégique est considéré comme un être sans mouvement, c’est un paradoxe de voir jusqu’à quel point il est capable de bouger !

     

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  • Mon engagement social.

    Reconstruire une vie sociale après l’accident relevait d’un processus de résilience : cette rencontre fondatrice avec le club de La Vaillante a été un levier, un « tuteur de résilience ». Elle m’a permis de changer le regard des autres : je n’étais plus inactive et dépendante de la société, je m’investissais bénévolement dans une association et j’apportais quelque chose. J’ai pu m’épanouir personnellement, tisser des liens sociaux,  valoriser mon estime de soi et finalement, m’engager sans les contraintes d’un travail salarié.

    Ces dix-neuf années passées à La Vaillante ont été un tremplin social, m’ouvrant d’autres opportunités. Bien que je n’étais que bénévole, comme l’explique Stéphane VERMEERSCH, « j’y puisais un statut quasi professionnel, un prestige, au moins local, non négligeable et un nombre de relations amicales. Mon identité s’est totalement réorganisée autour de mon identité associative[1]. » Pour ces raisons, j’étais prête à m’investir dans d’autres instances complémentaires liées au handicap ou au sport.

     

     

    [1] Stéphanie VERMEERSCH, Entre individualisation et participation : l’engagement associatif bénévole, Revue française de sociologie 2004 p 20.

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